Réaliser un suivi
Réaliser un suivi

Réaliser un suivi

Dans le cadre du projet SEPURE, plusieurs scénarios de polyculture ont été mis en place dans des étangs d’eau douce.

Sur toute la durée de l’expérience, les étangs ont été “suivis”. Cela signifie que l’on s’intéresse à l’évolution du système dans son ensemble sur une durée déterminée. Des particules organiques jusqu’aux poissons, en passant par le plancton, les macrophytes ou encore les invertébrés, on capture une photo de notre étang à un instant donné. De ce suivi, réalisé grâce à plusieurs techniques détaillées par la suite, on tire de nombreuses informations sur la qualité de l’eau, la biodiversité présente, ou la croissance des poissons par exemple.

Paramètres physico-chimiques

Il est important de suivre les paramètres physiques et chimiques de manière régulière puisqu’ils influencent directement ou indirectement les organismes présents dans l’étang. Les liens de cause à effet sont très divers. Par exemple, la croissance et la reproduction des poissons sont des processus directement influencés par la température. Le taux d’oxygène dans l’étang est aussi à surveiller pour la survie des populations de poissons et certains invertébrés. Parmi les paramètres chimiques, on retrouve aussi la chlorophylle a, utilisée pour quantifier le phytoplancton. Ces paramètres sont eux-mêmes influencés de différentes manières. Par exemple, la turbidité d’un étang sera plus importante en raison de l’activité de bioturbation de certains poissons. 

Pour mesurer les paramètres physico-chimiques, comme la température, l’oxygène ou le pH, on utilise différentes sondes. Soit la sonde est installée dans l’étang et prend une mesure à une certaine fréquence (toutes les 10 minutes par exemple), soit on réalise la mesure de manière régulière et toujours au même endroit et à la même heure. Pour certains paramètres comme les nutriments, des échantillons d’eau sont prélevés et envoyés à des laboratoires d’analyses prestataires du projet.

Colonne Van Dorn permettant de prélever de l’eau de l’étang et disque de Secchi permettant de mesurer la transparence
Colonne Van Dorn permettant de prélever de l’eau de l’étang et disque de Secchi permettant de mesurer la transparence

Phytoplancton

Le phytoplancton (regroupant principalement les microalgues), en plus de fournir de l’oxygène, est la principale source alimentaire pour le zooplancton. Néanmoins, il peut être un problème s’il est présent en trop grande quantité ou lorsque certaines espèces toxiques, comme les cyanobactéries, sont présentes. Son suivi est donc indispensable. Les quantités de phytoplancton et de cyanobactéries sont mesurées de plusieurs manières: une mesure immédiate est prise grâce à un instrument spécifique qui quantifie la biomasse totale et la biomasse spécifique des cyanobactéries. Cette technique rapide permet de multiplier les points de mesure dans les étangs.

La deuxième mesure est réalisée en laboratoire à partir d’un échantillon d’eau prélevé et quantifie la concentration en chlorophylle a dans l'eau, mais cela ne permet pas de voir la proportion de cyanobactéries inclue dans cette biomasse. Un autre échantillon d’eau est prélevé notamment afin de déceler la présence de cyanobactéries toxiques.

Prélèvement de phytoplancton aux étangs du Rheu
Prélèvement de phytoplancton aux étangs du Rheu

Zooplancton

Le zooplancton est une source non négligeable de nourriture pour les alevins et les macroinvertébrés. Il est suivi au même rythme que le phytoplancton. Pour ce faire, un volume d’eau est prélevé dans la colonne d’eau. Il est ensuite filtré sur un tamis, puis les organismes sont endormis à l'eau gazeuse et conservés dans de l’alcool à 70 %. Cette étape facilite leur identification sous une loupe binoculaire.

Zooplancton
Echantillon de zooplancton en Brenne

Macrophytes

Les macrophytes sont une ressource alimentaire, apportent de l’oxygène, mais servent aussi de refuge au zooplancton, aux invertébrés et à certains poissons pour échapper aux prédateurs ! Les espèces de macrophytes présentes sont donc relevées, ainsi que la surface qu’elles occupent. Les étangs sont des zones environnementales d’un intérêt écosystémique primordial. Ces habitats sont très divers et abritent une biodiversité exceptionnelle tant au niveau des macrophytes que des macro-invertébrés.

Suivi des macrophytes dans la région Grand Est
Suivi des macrophytes dans la région Grand Est

Macro-invertébrés

Les macroinvertébrés sont une proie très appréciée des poissons prédateurs durant le stade juvénile, et dans une moindre mesure par les poissons omnivores et certains macro-invertébrés prédateurs. Leur cycle est particulier puisque de nombreuses espèces à l’état de larve en milieu aquatique émergent durant l’été lors de leur passage au stade adulte, quittant ainsi le milieu aquatique. Pour cette raison, le prélèvement doit être renouvelé plusieurs fois dans l’année puisque les espèces n’ont pas la même histoire de vie, et ne seront pas présentes aux mêmes saisons, ni pour la même durée.  Le prélèvement des macro-invertébrés est réalisé à l’aide d’un filet au niveau de la rive et en zone profonde. Ces deux habitats sont très différents et n’abritent pas les mêmes espèces. Avec ces deux prélèvements, nous avons ainsi une bonne idée de la biodiversité présente dans l’étang. Les individus sont conservés dans de l’alcool à 90%, puis identifiés et comptés à la loupe binoculaire. Certaines espèces de macro-invertébrés sont le signe d’une eau de bonne qualité, il est donc intéressant de connaître les taxons présents. 

Lymnée prélevée dans un étang de Brenne
Lymnée prélevée dans un étang de Brenne

Poissons

Lors de l’empoissonnement et de la pêche finale, et à d’autres dates intermédiaires, des mesures biométriques sont effectuées sur 100 poissons de chaque espèce introduite. Ces biométries permettent de repérer la présence d’alevins, signe que la population s’est reproduite durant l’expérience.  La biométrie englobe la mesure de la taille et du poids des individus, on mesure ainsi les performances de croissance. Cette étape est l’occasion de vérifier l’état de santé des individus et de déceler la présence de lésions, maladies ou parasites.

Pesée et mesure de sandres aux étangs expérimentaux du Rheu
Pesée et mesure de sandres aux étangs expérimentaux du Rheu

En combinant toutes ces informations, l’équipe SEPURE pourra analyser la santé et la qualité du système “étang” dans son ensemble, et ce pour chaque scénario d’empoissonnement. Il sera ainsi possible de juger de l’efficacité des scénarios de polyculture, et de leur pertinence selon plusieurs critères (production, qualité de l’eau, équilibre écologique…).

Date de modification : 12 mai 2023 | Date de création : 27 octobre 2021 | Rédaction : SEPURE